Journée d’études « Tuer le père en psychanalyse »

Samedi 15 septembre 2018.

Avec la participation de Yasmine Belhassen (Psychologue, psychanalyste), Aicha Ben Miled (Psychologue, psychanalyste), Nedra Ben Smail (psychanalyste), Sophie Bessis (historienne), Olivier Douville (Psychologue, psychanalyste), Youssef Essedik, Essedik Jeddi (psychiatre, psychothérapeute).

Programme :

MATINEE : 9H30-13H

Discutante : Nédra Ben Smail

9H30 : Inscriptions

10H : Introduction : Nédra Ben Smail (Psychanalyste)

10H30 : Du meurtre du père à la nostalgie pour Un Père : Olivier Douville (Anthropologue, psychanalyste) 

11H : Discussion 

11H15 : « Dostoeivski et le parricide » : le texte controversé de Freud : Aicha Ben Miled (Psychologue clinicienne, psychanalyste) 

11H45 : Discussion et Pause-café

12H15 : La problématique d’Ibrahim et la question de l’Oedipe : Essedik Jeddi (Psychiatre, psychothérapeute)

12H45 : Discussion 

 

APRES-MIDI : 14H30-17H

Discutant : Olivier Douville

14H30 : De Bourguiba à la COLIBE : combats féministes et meurtre du père : Sophie Bessis (Historienne) 

15H : Discussion 

15H15 Au « Non » du père : Yasmine Belhassen (Psychologue, psychanalyste) 

15H45 : Discussion 

16H : Figure de « l’im-père » : Youssef Essedik (Philosophe, islamologue) 

16H30 : Discussion

16H45 : Conclusion : Nédra Ben Smail

 

Argument :

Les entrées pour analyser la question du meurtre du père sont multiples. Comment ne pas s’égarer compte tenu de l’hétérogénéité des registres auxquels il est fait appel ? En effet, Tuer le père, nous amène à analyser la question sous l’angle social, anthropologique, historique et même religieux. Quant au point de vue psychanalytique, il nous intéresse non point seulement d’un point de vue politique mais au plan de la cure. Qu’entend-on par cette articulation freudienne entre Tuer le père et l’incorporer ? Comment se présente cette articulation dans l’hystérie, la névrose obsessionnelle ou encore dans la psychose ? Autant d’éléments qui nous font penser que la dimension du meurtre du père reste d’actualité

– quoi qu’elle soit trop souvent confondue avec le thème récurrent du « déclin du père »

– surtout quand on est saisi comme nous pouvons l’être, par les bouleversements du monde actuel et leurs effets subjectifs, et plus précisément quand nous sommes confrontés à la question de la déshumanisation, des totalitarismes, des révolutions ou encore du « déclin » des idéaux. Dans Totem et Tabou, écrit de 1912 à 1913, Freud s’interroge sur les rapports entre l’expression de la vie pulsionnelle et la norme culturelle et sociale. À partir de ses questionnements, il aboutira à l’exposé d’un mythe qui met en scène le meurtre du père de la horde primitive, qu’il articule à la notion de sacrifice et postule qu’il trouve ainsi une solution à l’énigme 1/ de l’origine des sociétés humaines 2/ de ce qui fait leurs invariants : elles reposent sur deux règles essentielles : l’interdit de l’inceste et l’interdit du meurtre. Pour Freud, le meurtre du père marque la naissance de la culture puisque le souvenir de cet acte s’est transmis dans l’inconscient des hommes. Ce qui fait dire à Freud en guise de conclusion du livre : « Au commencement, était l’acte », en référence à la célèbre phrase de Goethe (in « Faust »). Lacan lui, dira : « Avec la loi et son corrélat, le crime, commence l’homme ». Tandis que Freud a tenté de prouver l’historicité des faits, pour Lacan et Lévi-Strauss, le meurtre du père est avant tout un mythe, le père étant considéré comme un pur « signifiant », le lieu du discours. Comment donc comprendre la fonction sociale et subjective du mythe qui nous permet de déboucher sur des questions aussi fondamentales que l’existence ou pas d’une concordance entre le singulier et les phénomènes collectifs générateurs d’un malaise social ? Quelle est la place du mythe en psychanalyse ? Insiste enfin cet enjeu : « peut-on parler de tuer la mère au même titre que tuer le père?