Premiers entretiens en milieu scolaire

Yasmine Belhassen, psychologue clinicienne, psychothérapeute.

La première fois. Qui parmi vous ne se sent pas concerné…
De la première tété et la rencontre avec le sein maternel, jusqu’à la première rencontre avec l’autre.

Ce Grand Autre qui deviendra disait Lacan le lieu de la parole, le lieu du signifiant, le lieu du manque à être.
Oui, on peut à mon avis parler de sa première rencontre avec son thérapeute et de sa première rencontre amoureuse avec la même passion le même désir et la même authenticité.
L’idéal ça aurait été que cette mythique première fois soit narrée et racontée analysée et décrite au présent à chaud !  tel une capture de photo par un objectif un arrêt sur image.
Patrice Leconte (qui est un réalisateur et scénariste français) Dans son Film «  confidence trop intime » disait en présentant son film ;  que ce qu’il a conduit a le réaliser c’est sa persuasion que la psychanalyse est royalement cinématographique.  Dans ce film justement Leconte a essayé d’apprivoiser via l’œil de sa caméra ce qui s’est joué durant une première rencontre avec un psychanalyste.
Que s’est il passé durant cette première séance ; des moments de vertiges, des moments d’abandons et d’autres de résistances, les vibrations, les regards les frémissements un moment articuler où se mêle le trouble à l’abandon.

Pour Annie Birraux (psychiatre et psychanalyste ), la première fois si elle est racontée c’est qu’elle est déjà reconstruite , elle engage un amont et du même coup crée un aval.  Et si nous essayons d’imaginer disait elle une saisi de l’évènement en live le résultat descriptif ne serait pas à la même hauteur de son véritable contenu dans la mesure où il impliquerait le regard de l’autre comme interprète de la partition qui nous intéresse.

En tant psychologue clinicienne installée en libéral et en même temps psychologue à mi-temps   dans une institution scolaire  qui comprend la maternelle, l’école primaire ainsi que le collège et le lycée.  les première fois les premières rencontres et les premiers entretiens cliniques sont à dire vrai la particularité de mon travail au sein de cette structure.
Etant présente donc que deux jours par semaine  ; je ne peux  donc pas effectuer de prises en charge au sein de l’école. Mon travail est donc de dépister d’évaluer une situation un conflit et d’orienter les enfants les ados et leurs parents et parfois même les enseignants.
A l’école on m’appelle « psychologue scolaire » ou encore « maitresse » pour les plus petits… A une seule occasion, j’ai eu le titre d’ »évaluatrice de comportement »…
Mon acharnement, je vous le confie, c’était d’enlever le mot « scolaire » pour en laisser que « psychologue », et ne surtout pas dire « maitresse » ou encore moins « évaluatrice ».
N’étant conditionné que sur ce versant purement scolaire ; on pouvait voir parfois que les parents et aussi l’institution oublient que dernière le cartable il y a un enfant ou un adolescent, une personne à part entière.

Je suis psychologue consultante dans une institutions scolaire avec des enfants et des adolescents voilà comment je voudrai décrire ma tâche.
Au sein de cette école privée, la chose primordiale c’est l’excellence et la réussite scolaire et uniquement scolaire !

«  Tant pis s’il est malheureux ça  lui passera  vous savez à l’adolescence c’est compliqué  on peut même avoir des idées suicidaires des fois mais ça lui passera il quand même 16 de moyenne général on va quand même pas s’attarder sur ça »…

Voilà une phrase qui m’a marqué au bout d’un mois d’exercice au sein de cette école dite par un membre de l’équipe éducative.
Oui il fallait être Bon au niveau scolaire et tant pis si on est isolé qu’on n’a pas d’amis et qu’on est même bouc émissaire de ses camarades.
Vous allez me dire que c’est normal que c’est normal qu’elle soit autant accès sur le SCOLAIRE c’est une ECOLE et privée en plus !  la pression des parents les poussent à être cruellement exigeant.  Certes, ceci est vrai mais ça voudrai aussi dire que toute forme d’approche psychologique ou d’éventuelle prise en charge pour essayer d’expliquer d’aider un enfant en souffrance est tolérer approuver et encourage même que si cela aura pour but la Réussite scolaire et cela est aussi valable pour la majorité des parents pas que les enseignants.
[29/08/2017 23:34:25] karim ben smail: L’ors d’un  premier entretien avec une mère d’un jeune adolescent que j’appellerai Mehdi  âgé de 11 ans, qui présente une forte anxiété  et une forte angoisse l’empêchant de dormir . la mère me  pose une question avant de sortir  «  pensez vous Mme si je l’emmène voir un psychologue qu’il parle avec lui de ses cauchemars, il s’améliora en mathématiques ? »
J’ étais comme sonné sur le coup je ne m’attendais pas à une telle question d’une telle froideur puis perplexe je répondis : « mais Mme votre fils souffre de quelque chose qui l’empêche de dormir la nuit et qui  lui fait faire des cauchemars effrayants pensez vous qu’avoir de bonne note en math c’est une priorité à se stade ? »
Voilà un exemple ce qui peut se dire dans un premier entretien avec une maman qui est dans une impossibilité de voir le malaise de son fils et une impossibilité d’ accepter son  déclin scalaire.
Cette mère n’est pas une exception ; la peur terrifiante de l’échec scolaire anime la plus part des parents ; c’est le sujet tellement redouté par eux et qui les mets nez à nez face à leur failles et leurs propres identifications narcissiques leur propres histoires qui remontera aux élèves qui étaient..

Une mère qui refuse de voir la souffrance de son enfant et qui s’acharne pour de meilleurs résultat scolaires comme si c’était la chose qui comptait mais peut on vraiment être surpris de cela ?  et si on revenait un peu en arrière cette mère a été convoqué par la professeur de mathématiques pour lui dire que son fils n’arrive plus à avoir la moyenne. Ne comprenant pas ce qui se passe vu que Mehdi suit déjà deux cours privé dans cette matière  désemparée la mère demande à l’enseignante de l’aider à comprendre ce qu’il lui arrive !  et là généralement quand un enseignant se trouve devant une telle situation il fait appel à l’orthophoniste qui s’empresse de lui faire un bilan orthophonique suspectant un trouble « Dys » ; voilà tout ce qui a été dit et fait pour ce jeune adolescent avant que je le rencontre pour la première fois.  Un dossier pédagogique a été mis en place comprenant le bilan orthophonique et les conclusions et remarques de ses professeurs ; un dossier monté sur mesure pour ce jeune Mehdi pour élucider ce mystère de la chute spectaculaire en mathématique.
Je tien à préciser qu’à ce stade là de cet investigation pédago- institutionnelle je ne connaissais pas encore Mehdi.  Donc une fois le bilan effectué et que par malheur pour la prof il n’avait aucun trouble.
Je croise l’enseignante de Mehdi par hasard dans les couloirs de l’école et là de fils en aiguilles en parlant du mauvais temps..  elle me dit qu’elle a un élève qu’il lui pose problème parce qu’elle ne comprenait pas ce qu’il lui arrive elle me dit je cite «  je crois qu’il ne comprend plus je pense qu’il présente un défaut de compréhension, je te passerai son dossier et essai de le voir si tu peux ! »
voilà comment  la demande a été formulé dans les couloirs  ( lieu d’interstices de l’institution ) et en s’aventurant  sur un diagnostic qu’elle venait d’inventer «  défaut de compréhension »
En effet la demande dans le milieu scolaire nous vient toujours d’un tiers (parent – prof- institution) à part quelques adolescents dont la tranche d’âge varie entre 18 et 19 ans.
Donc la demande n’est jamais formulé par l’enfant lui même  mais plutôt par le désarroi et le dérangement qu’il peut causer autour de lui.
Dans ce genre de contexte particulier,  on se retrouve parfois devant des demandes déguisées ou insistantes maquillées de toutes dormes de défenses.  Comme l’exemple
de l’enseignante qui me dit «  essai de le voir si tu peux » comme si rien ne m’y oblige et que si j’ai pas temps je ne le vois pas !   Donc là avant de voir l’enfant c’était important pour moi d’en savoir un peu plus pour essayer de comprendre qui demande quoi ? et comment ? et qui fait symptôme ?   qu’est ce qui se cache derrière cette approche défensive de l’enseignante qui représente aussi l’institution. Une institution qui est mise à mal quand l’enfant « normal » sans histoires chute et qu’on lui trouve aucun trouble de l’apprentissage  et oui c’est devenu presque obsessionnel les dys quelque chose.
Avant cette première rencontre donc il y’a eu comme un amont  transférentiel pour l’enfant qui a déjà vu l’orthophoniste pour l’évaluer et bien conscient de ce petit monde qui s’agite au tour de lui et de son histoire incomprise !

Comme à chaque fois et à chaque première rencontre clinique c’est du sur mesure pour moi le dossier que j’avais devant moi ce n’était Mehdi c’était un faut self qui était là pour biaiser l’authenticité de la  première rencontre !  je n’ai donc pas vu ce qu’il y avait avant de le voir.
C’était un mardi à 10h après la récréation Mehdi frappa à la porte hésitant et par une voix tremblante que me demande si c’était moi la psychologue de l’école qui voulait le voir .  je réponds alors avec un grand sourire «  Mehdi vous frappez à la bonne porte c’est moi la psychologue et je vous attendais »
Il était important de faire en sorte qu’il ait une réinvention du cadre institutionnelle ; maintenant on est chez la psychologue  et non chez  le proviseur  ni  le professeur.

C’était un garçon attachant, pas besoin d’être psychologue pour voir qu’il était mal ce garçon. Un regard fixant le sol , ses pas étaient  lents avec un cartable plus grand que sa carrure .. les lacets défaits et les mains tachées d’encre il m’a fait penser au fameux  poème de Victor Hugo « demain, des l’aube » …Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Il était timide et s’est assis au bout de la chaise son cartable sur ses genoux… La pâleur  de son visage a laissé place à un rouge écarlate de timidité ! on sentait et on voyait   réellement  qu’il était gêné par ce cadre particulier ..  j’ai pris la parole pour le rassurer… et je lui ai confirmé  qu’il avait raison d’être aussi gêné et que c’était pas évident de rencontrer un psy même quand on est adulte. La première rencontre est toujours bizarre.. là Mehdi lève un peu la tête et me dit «  mais Mme je ne suis pas Fou moi ! J’ai juste des mauvaise notes c’est tout »
A chaque premier entretien à l’école c’est primordial de commencer par poser mon cadre à moi qui n’est pas justement celui de l’école donc pas celui auquel s’attend l’enfant ou le parent, auquel il est habitué .. expliquer donc ce que veut dire psychologue et c’est quoi ma mission ici qu’est ce que  je fais et pourquoi j’ai tenu à le voir et lui dire surtout la vérité ! c’est important pour que l’enfant ressente et voit que là, qu’on est à l’école certes mais c’est un moment qui n’appartient pas à l’école !  mais qui lui appartient.
J’explique à Mehdi que c’est pas parce qu’il est fou qu’il est ici ! et je lui explique aussi que pour moi ce n’est  pas aussi important que ça qu’il ai des bonnes notes ou pas ! et là avec un grand sourire il me regard bien dans  les yeux et me dis «  donc Mme vous n’allez pas évaluer mon intelligence !? » je prends par la suite le temps de lui expliquer qu’ici je vais l’écouter et savoir comment il va  et comment il ressent certaines choses et voir comment ca va  à la maison avec les copains et à l’école !

Mehdi se détend alors, et change de posture et s’assoie confortablement et fait coller sa chaise au bureau pour s’approcher et pose son cartable par terre  et se mets à parler de lui de ce qu’il aime .. des jeux vidéos du basketball de son frère et aussi de l’école de ses mauvais notes et il me précise que ce n’est uniquement en mathématique qu’il n’y arrive plus mais dans presque toutes les matières mais que sa mère se focalise sur les maths parque elle était brillante quand elle avait son âge !   là je comprend mieux cet acharnement et cette suspicion de dyscalculie !
Petit à petit Mehdi se sent de plus en plus à l’aise et je ne l’arrête plus à croire qu’il n’a personne pour l’écouter ..  et là il me confie que depuis quelques temps  il ne dort pas beaucoup la nuit à cause des cauchemars qu’il fait,  il me dit je cite «  j’ai tellement peur vous savez que je m’efforce de garder les yeux ouverts je suis donc fatigué et je ne me concentre plus et je ne veux plus travailler ».
Cette première rencontre a permis à ce jeune garçon d’être dans un moment de reconnaissance de sa personne et de ses difficultés qui dépasse de loin le spectre scolaire !! Peut-on demander à enfant de 11 ans qui ne dort plus la nuit d’avoir de bonnes notes ?
C’était un moment pour lui sans aucune évaluation quelconque et sans un regard jugeur… à la fin de l’entretien Mehdi m’étonne avec une maturité soudaine me demande de l’orienter vers une psychologue « comme vous » me dit-il mais qui ne travaillerai pas dans une école « ça me rappellerai trop les notes ! »

Apres l’entretien effectué avec Mehdi je convoquais alors la mère qui attendait avec impatience mon retour. je lui donne alors rdv deux jours après.
La rencontre avec la mère de Mehdi était prévu un jeudi 9H30.
Cette dernière frappa  la porte à 9H et entre  sans aucune gêne toute contente souriante et me dit alors « «dites vite le verdict je dois y aller je travail ! y’a t’il une déficience intellectuelle ou quelque chose » !  et là j’essai de lui expliquer le cadre et ce qu’il en est de Mehdi .. elle me regardait l’air ébahie je ne savais pas si elle m’écoutait ou si elle était ailleurs ;
l’entretien se termine avec  un « oui oui donc pour allez vite je dois l’emmener  voir un psy mais avec des cours privé on a pas trop le temps ! juste après la question cité précédemment qui montrai qu’ elle bien était  ailleurs au moment ou je lui parlai des difficultés d’ordre psychique de son fils.
Il arrive que le premier entretien avec les parents commence par une note grave telle une soprano qui monterait crescendo et annonce alors la couleur de la Palette  avec laquelle elle peindra son ère d’opéra !
Si l’enfant ou l’adolescent en difficulté arrive à s’approprier la demander  petit à petit tout le long de l’échange  les parents eux arrivent difficilement à s’approprier la demander et refuse parfois catégoriquement ou parfois font semblant d’être d’accord et on entend plus parler d’eux.
Il y’a aussi un autre type de fonctionnement auquel je me trouve confronté dans ces fameuses « premières fois » ..
les parents me sollicite et m’appelle directement sur mon téléphone en me demandant de bien vouloir voir leur enfant par qu’ils ont inquiet semble t-il une demande qui à l’aire urgente de prime abord et là quand je ne trouve pas le temps de voir l’enfant  dans  semaine en question la demande se transforme en harcèlement.
Je pense ici à une petite fille de 8 ans que je nommerai Nadia qui est ni bonne ni mauvaise élève mais qui est juste fatiguée des heures de travail imposées par sa mère après avoir passé toute la journée à l’école.  Un bourrage de crane auquel elle était soumise sans négociation pour devenir meilleur et intégrer une classe internationale où seuls les meilleurs élèves ont accès.
Durant cette première rencontre avec la petite Nadia , j’étais surprise par sa maturité et son raisonnement et me dit avec une grande assurance que le problème ce n’est pas elle mais sa mère qui veut à tout prix que Nadia soit comme sa cousine qui est première de sa classe.
Oui Nadia avait raison c’était la maman qui fallait voir . C’est elle qui d’après sa fille souffrait d’un idéal auquel elle espère arriver via sa fille.  Il n’est pas rare et cela en institution ou même en pratique libérale que l’enfant ramené par sa mère s’écarte pour lui laisser sa place… et voir ainsi la vrai demande restée cachée jusque là.
Il arrive que durant ces premières rencontres face à un parent qui attend un diagnostic on a des réactions surprenantes tout de suite après «  Monsieur ou Madame  votre fils a 9 ans il a besoin de jouer de s’amuser et de souffler un peu »  là c’est soit des étonnement soit des réactions carrément agressive ou défensive  soit la phrase qui me fait sourire le plus c’est «  mais madame je l’aime mon fils ; c’est pour ça que je veux qu’il ne fasse pas les mêmes erreurs que moi et je veux qu’il travail plus » oui parfois ils me donnent l’impression d’être devant des personnes qui gèrent une campagne présidentielle ou encore qui gérer un investissement qui doivent le faire travailler encore et encore pour l’amortir et pour qu’il soit rentable !
«  c’est cher ici Mme voyez vous ; donc il faut que ma fille travaille encore puisqu’elle ne travaillai à son anicienne école »  oui on croirai entendre Sarkozy  en 2007 travailler plus pour gagner  plus !! à croire que des parents oublient parfois qu’on a faire à des enfants !  des enfants de 8 10 ans qui n’ont pas le temps de jouer ! et d’être enfant !
c’est un peu caricatural mais c’est bel et bien un réel auquel on est  confronté..
tout est vite psychologue, pédopsychiatre , orthophoniste, neuro-pédiatre, psychomotricien , EGRO.. Quand tout n’est pas la faute des parents quand tout n’est pas celle de l’école (surtout pas) quand tout n’est pas dys quelque chose..

Oui, il arrive que le constat que je fais  à la fin de la semaine est de se dire c’est une institution qui  souffre du syndrome de la perfection et le l’idéal de moi et que chaque symptôme doit être réduit étouffé vite fait pris en charge résolu que chaque faille doit

vitre comblé.  ⇒ Et là on est au cœur même de la particularité ce milieu scolaire si spécial dont je vous parle.
A chaque première rencontre je me trouve face à une demande qui va nourrir cet idéal de moi qui aspire à être de plus en plus puissant faisant symptôme dans ce culte de la performance.  Des parents qui n’arrivent plus à être parents mais uniquement « parents-d ‘élèves »  et des enfants qui n’ont aucun espace pour être enfant sans être élève !

Etre clinicienne au sein de cette institution scolaire suppose que je soutienne une position qui me permet de confronter ma clinique  à l’analyse continuelle de la demande et ce à chaque fois. Une analyse d’une demande dans les limites du cadre institutionnel qui laisserai  place à la parole de l’enfant l’adolescent et à leur parents. Un cadre qui est au cœur du nouage  institutionnel si particulier entre réel symbolique  imaginaire.
Une demande souvent difficile à formuler peut conduire à une première rencontre où il serait possible d’offrir un espace de parole neutre et assez contenant.
Pour clore cette partie je voudrai revenir sur cette chose tant redoutée et qui effraye parents  et enseignants  et toute la structure Scolaire ,  l’échec scolaire comme je lai mentionné au début de cette intervention est un point crucial car il nous permet de dire qu’il fallait absolument passer par la case « apprentissage » pour que à la souffrance soit entendu.
Ce qui est intéressant ici ce n’est pas juste le constat qui devrait faire objet d’un débat socio pédagogique et mettre en cause toute la réforme institutionnelle en milieu scolaire c’est aussi une manière de penser l’institution et d’essayer d’être en dehors .. une distance nécessaire qui permet la compréhension de toute forme d’agitation inconsciente.
Dans échec scolaire je pense qu’il y’a ici un signifiant maitre qui  est l’échec et qui nous fait penser à Freud qui a insisté sur la névrose d’échec comme relevant du déni inconscient de se réaliser. Donc cet échec tant redouté cache bien un sens dont il faut s’en saisir ; Freud encore une fois nous parle de période de latence période durant la quelle l’enfant fraichement et momentanément sorti de ses conflits oedipiens mobilisera et dirigera sa libido vers des buts sociaux dont l’apprentissage  scolaire ! donc si pour une raison pour une autre cette période de latence se passe mal. Aucune technique cognitive n’aura la moindre chance d’engendrer un quelconque succès.

⇨    accepter l’échec comme relevant d’un processus inconscients plus normal qu’il n’y paraît c’est lui Oter sa consistance pathologique dans sa réalité traumatique.

⇨    CE qui est intéressant c’est de considérer l’échec scolaire en tan que révélateur de conflit sous-jacent et seule la prise en compte de la vie psychique contribuera à le dénouer.  Et cela est devenu ainsi une manière par laquelle je procède en premier entretien avec des parents qui sont devant un échec scolaire et un risque de redoublement et que chaque approche   pédagogique et scolarité a été ratée.
⇨    Essayer de leur faire comprendre l’échec sous un autre angle et avec d’autre termes et une autre manière celle du thérapeute qui même s’il se situe géographiquement à l’école ( objet du malaise) se distancie psychiquement et ainsi leur offrant une écoute singulière.

La première rencontre avec les enfants ou leur parents dans le milieu scolaire est singulière  car elle joue le rôle de médiation, de remise de sens là ou il s’était perdu et là avec des enjeux transférentiels  regagne un terrain plus sure et plus contenant plus rassurant et moins angoissant !
Les enjeux institutionnels inconscients nous mettent systématiquement dans la majorité des cas dans une sorte de triangulation enfant école, famille   et la première rencontre est là pour apporter un tiers à cette triangulation ;  parfois il arrive aussi durant ce premier entretien qu’on soit le rôle du mauvais objet !
On note aussi durant ces première rencontre l’enjeu serai d’apporter un cadre assez contenant pour pouvoir accueillir le temps  du dire, de la plainte ,de la souffrance  et de la reconnaissance  dans une écoute suffisamment empathique et en s’accrochant à ce qui peut faire sens que se soit pour les enfants adolescents ou leurs parents.
Voir la psychologue de l’école n’est pas une chose facile pour les enfants et les adolescents mais la plus part du temps ils se sentent vite à l’aise et c’est comme ça n’était pas la première fois. Ils se rendent vite compte qu’ici c’est un espace sans menace pour eux , un autre système de relationnel et d’écoute et d’accompagnement, Ceci dit la première rencontre avec l’enfant ou l’adolescent dépend  du sens que ce  dernier  va lui donner. Ce qui se passe durant cet premier entretien c’est que l’enfant comprenne que l’adulte face à lui ne s’intéresse à une autre dimension de sa personne qu’il est accepté sans dévalorisation et sans sur valorisation avec l’idée que quelque chose peut être réparé ; qu’il y’a une issue à ce que l’on pensait être une impasse. Ainsi se trouve crée un espace de confiance qui signifie implicitement «  on peut s’en sortir » .
Cet espace que crée cette première fois qui est hors menace et sans évaluation sans craintes correspond au climat d’entente que Winnicott appelle «  l’entente d’avant l’angoisse impensable »

Avec les parents il y’a quelque chose de particulier et d’unique aussi c’est durant cet premier entretien c’est la manière avec laquelle ils viennent portant un discours prêt a porter Standard  préparer à l’avance une attitude défensive qui en dit long sur leur angoisse quant à cette première rencontre avec la psy de l’école !
Une maman me disait à notre premier entretien  qu’elle a passé une nuit blanche à réfléchir  à ce qu’elle allait me dire et qu’elle était tellement  angoissée qu’elle tout noté sur un bout de papier après elle s’est mise à lire les quartes phrases décrivant sa fille et se tait !  et quand j’ai voulu en savoir plus et plus posant des questions sur ce qui se passe à la maison !  là on peut avoir deux sortes de réactions soit la mère gênée qui n’avait pas préparé sa réponse tel une petite fille qui était devant son maitre soit une attitude perplexe et la mère ne peut répondre car pour elle c’est intrusion à sa vie familiale et qu’elle doit parler que sur ce qui concerne l’école.

Il arrive aussi que je sois amenée à voir des enfants de trois ans ou de quatre ans pour un entretien. Cette démarche est généralement sollicité par les parents qui se sentent envahit ou dépassé ou encore juste pour les rassurer et leur dire que tout va bien.
Et si jamais une quelconque chose est décelée une réaction agressive au quelle  tu ne t’attendais pas vient te dire la fragilité de la demande qui a précédé.
Je pense ici à ce jeune enfant de 4ans scolarisé en moyenne section. Je l’appellerai Samy. La maman de Samy m’appelle au début de la semaine pour me demander si je pouvais voir son fils et quand je lui demande pourquoi qu’est ce qui motive cette demande, là elle me répond «  il est adorable vous allez le voir, vous allez voir qu’il est gentil et un bon élément »
Une demande ambiguë a vrai dire et inhabituelle   pourquoi me demande t-elle de le voir  si tout va bien !  curieux n’est ce pas !  mais ça méritait quand même une attention particulière !
Je rencontre Samy la semaine qui suit, un enfant adorable attachant.  Il me dessine et me fais des cœurs avec  la patte à modeler en me parlant de son amoureuse.
Petit à petit en lui posant des questions sur comment ça se  passe à la maison avec sa sœur aînée, quel dessin animé aime t-il regarder, etc., il me confie qu’il deux chambres une chambre qui est vraiment la mienne me dit-il là ou il y’a mes jouets et mes affaires  et une deuxième qui partage avec sa maman. Et là il me précise ensuite qu’il ne dort jamais sans sa maman et que son papa dort à coté d’eux et parfois dans ce salon et qu’en plus il porte encore une couche culotte la nuit.

Donc après voir vu Samy et comme le Protocol de l’école préconise ; je convoque la maman pour lui faire un retour de cet entretien et pour savoir un peu plus sur cette sphère fusionnelle dans la quelle il semble baignaient tous les deux.

Durant cette première rencontre avec la mère de Samy il y avait une atmosphère assez tendu. Elle me confie d’emblée que la convocation l’a effrayé et qu’elle n’attendait pas à ce qu’il y ait quelque chose de grave ! je lui réponds alors en lui expliquant  qu’il n’y’a rien de grave que la procédure veut qu’on accorde un retour aux parents après avoir vu les enfants .
Elle était très défensive avec une envie pressante de partir quand je lui ai parler de l’incapacité de Samy a rester propre la nuit et qu’il fallait l’aider à grandir et essayer de le coucher dans son lit petit à petit..  et là comme si elle n’arrivait plus à contenir son anxiété et son agressivité  et me répond en haussant carrément la voix en me faisant comprendre clairement qu’elle regrettait de m’avoir demandé de voir son fils. Et que ce qui se passai à la maison ne regardait pas l’école !

Elle eu le sentiment que je faisais intrusion à son intimité, une intimité que l’institution au quelle j’appartenais n’y avait pas accès.  Elle s’était levée impulsivement et arrivait à la porte elle rajoute que tant Samy était bon à l’école le reste ce n’est votre affaire me dit-elle.
Pour tout vous dire, je n’ai pas trouvé quoi et comment dire et même sil j’aurai trouvé je ne pense pas qu’il y’a eu un espace pour le dire.
Oui parfois les premiers entretiens au sein de cette institution ne sont pas de tous repos !
cette maman arrive deux mois après sans rdv avec une demande qui n’est pas la sienne mais celle de son mari  qui menace de la quitter car il ne trouve pas de place dans cette dyade fusionnelle qu’elle forme avec Samy.

Même si c’est rare Il arrive aussi que je rencontre des petits de 3, 4ans  sans la demande d’un tiers ou par ma propre initiative !  cela arrive quand par exemple lors d’une observation à la récréation ou en classe où je remarque un enfant seul, isolé du groupe un peu ailleurs ou encore tristounet .. à ce moment  là je décide de voir l’enfant mais bien évidement après l’accord de ses parents.
Dans cet type de rencontre avec l’enfant il s’agira de lui permettre d’exprimer par la parole ou le dessin ou encore le jeu ce à quoi ressemble ce qui le fait problème ! ce qui le dérange !
D’abord il est primordial de lui expliquer ce cadre complètement nouveau pour lui même sil n’a que trois ans c’est important de lui expliquer ma fonction ma place à l’école .. en lui expliquant comme un adulte mais avec son langage a lui par exemple psychologue c un peu difficile même à prononcer ça devient « un adulte qui écoute les enfants et qui essai de les aider pour aller mieux » ou encore secret professionnel devient «  gardienne de secrets d’enfants »
Ce qui est intéressant avec cette clinique de la petite enfance c’est que souvent après la première rencontre avec l’enfant on assiste à une métamorphose .. comme si  à un moment il se libéraient.
Il y’a aussi des enfants qui prennent cet espace là comme un espace où il peuvent déverser les mauvais objets internes dont ils ont porteur ce qui leur permet de s’en désencombrer et se sentir léger. De mettre dans un espace extérieur ce qui été trop à l’intérieur. Les Kleiniens dirait ici que le thérapeute aurai la fonction de « sein poubelle » où les patients dans une relation transférentielle serait dans une sorte d’indentification projective.
Ce qui permet cela à mon avis c’est justement ce qui se passe durant ce premier entretien qui pour ces jeunes enfants est concluant et suffisant. En effet l’enfant devient dans ce cadre là devient un autre , un sujet désirant. C’est le sujet dans la dynamique globale que je rencontre pas uniquement l’élève X.  il est important de lui expliquer qui est cet adulte devant lui mais aussi et surtout pourquoi cette rencontre ?  pourquoi je le vois aujourd’hui et lui demander son avis aussi  et comme ça l’impliquer et bien sur tout cela avec les outils d’un enfant de 4 ans ou 3ans à travers des médiations  le coloriages le dessin ou le jeu.

Je finirai avec  un exemple d’enfant illustrant ce que j’avançai précédemment.
Il s’appelait Jade et avait six ans. J’ai voulu le voir parce qu’il me semblai un peu triste et cela à chaque fois que je  le croisai.
En le voyant pour la première fois Jade confirme mon sentiment  me dit que lui aussi trouvai qu’il était triste et mais qu’il ne savait pas pourquoi ;
je lui propose de dessiner la première chose qui lui vient à l’esprit,  une petite réflexion s’impose me dit-il ☺  après il dessine avec le feutre noir deux personnes entrain de se disputer et un bébé au coin de la feuille minuscule en train de les regarder..
Et après il m’explique que c’était ces  deux parents qui se disputait violement et leur bébé  qui les regardait effrayé, vite fait après il a voulu changé de sujet.. Je le laisse à son aise et on parle de Foot  et de copains et là tout seul il revient a ce dessin qui  me dit «  je crois que c’est moi ce bébé » et précise  qu’a chaque fois que ses parents se disputaient il était triste.
Du haut de ses six ans Jade m’a épaté c’était un garçon très attachant en sortant il me fait un bisous et me à bientôt Mme !
Que s’est-il passé ? cette rencontre a permis à Jade de donner un sens à un sentiment qu’il envahissait et qui était jusqu’à présent mystérieux.
Ce cadre qui lui a été proposé  lui a permis de mettre des mots sur des éprouvés dont il n’arrivait pas à expliquer et parfois tus et peu élaborés.
Pour clore  intervention je dirai que cette clinique de la première rencontre et avant tout une clinique de l’accueil qui permet une mise en mots et en représentations  des affects et des problématiques jusque là inaccessible car trop massives.

Un premier entretien en institution scolaire reste pour ma part un travail sur le fil en équilibre en jonglant avec la souplesse la créativité, l’humour des fois et de  la distance qui à chaque fois prend un dosage différent.